Le genre : ROMAN
RÉSUMÉ
Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve. Le talent de l'auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant ; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale.
Ce que j'en ai pensé :
Lorsque ce roman est sorti en janvier 2015, j'ai à peine tendu l'oreille et ouvert les yeux. Je n'ai donc pas du tout suivi la polémique qui semblait mener bon train. Il m'a simplement suffit de savoir que Houellebecq sortait un nouveau roman. Le reste... c'était une affaire de journalistes, de critiques littéraires. Pas forcément de lecteurs. Et puis l'actualité de ce début d'année était tellement sanglante, envoyant nos caricaturistes chéris dans un ciel bien vide qu'aucune polémique n'aurait pu me toucher. et certainement pas une énième sur l'auteur en question.
C'est dans ce contexte, quelques semaines plus tard, alors que je m'apprêtais à partir en voyage, que j'ai acheté Soumission.
Arrivée sur une des plages de mes vacances, après huit heures dans un avion où le copilote n'était pas dépressif (la chance !) , j'ouvris donc le roman que je m'étais réservée. Sans en connaître le sujet (je ne lis la 4ème de couverture qu'après avoir lu un livre. Je choisis les oeuvres en lisant la première page), j'ai suivi les pérégrinations, les questionnements, la mélancolie et autres débordements contenus de ce professeur d'université dans une France anticipée et si plausible. Car oui, ce que conte Houellebecq dans ce roman, c'est bien une probabilité, un risque (ou une volonté?) de voir basculer (ou se figer) les forces en présence sans que, finalement, personne ne trouve rien à y redire. Pas plus vous que moi. Après tout, n'acceptons-nous pas tout sans jamais vraiment se révolter ?
Bien sûr, ce livre m'a dérangé (j'adore ça !) et parfois agacé. Un peu. Le sort fait aux femmes par le romancier est loin d'être plaisant et n'augure pas un avenir pimpant. Au moins pour les féministes (si elles existent encore). Cette misogynie énerve et heureusement !Enfin, au moins au premier abord. Car, venant de ce sacré Michel, n'est-elle pas plutôt un jeu, une provocation qui voudrait que nous l'aimions pour ça. C'est en tout cas ce qu'il réussit à provoquer chez moi. De l'amour pour cette mélancolie, ce nihilisme si bien illustrés par son écriture. Car, ne nous y trompons pas, en dehors du sujet polémique qui fait de Soumission, un danger pour certains, un moyen d'échapper à une telle issue politique pour d'autres, c'est d'un conte qu'il s'agit. Un conte moderne. Un conte cruel. Logique. Mais un conte quand même qui réussit, après nous avoir plongé dans une âpre réalité, à nous endormir comme des enfants. C'est certainement cela la magie Houellebecq. Savoir se faire aimer et détester en même temps. Et comme son auteur ce livre est soit à lire absolument, soit à détruire expressément. J'ai choisi la première alternative. Je ne suis plus une enfant.
Elodie Torrente
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