QUARTIER LIBRE  DE vINCENT lahouze


Editions Michel Lafon - 15 octobre 2020


Le genre : Roman  


Le résumé de l'éditeur

Février 2017, Olivier, éducateur d’une trentaine d’années, assiste à la veillée funèbre d’Ismahane, l’une de ses protégées qu’il connaissait depuis sa plus tendre enfance. Ismahane l’insolente, la libre et charismatique Ismahane, s’est suicidée à la veille de ses seize ans.

Pour lui rendre hommage et pour tenter de comprendre le geste irréparable de celle qui aurait dû avoir la vie devant elle, il décide de mener l’enquête. L’occasion pour lui de revenir sur ses débuts d’éducateur inexpérimenté catapulté dans ce quartier difficile de la banlieue de Toulouse. Un quartier régi par ses propres lois qui vous broie et vous recrache aussi bien qu’il peut vous porter.

Une réflexion bouleversante sur des quartiers où la vie tient de la survie, où la violence côtoie la plus grande humanité. Un livre coup de poing.


Le piège de verre de Eric FOUASSIER
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Ce que j'en ai pensé :

Ma note : 5/5

 

 

J'ai découvert Vincent Lahouze tandis que je m'intéressais de près à un autre écrivain, Olivier Liron dont j'avais beaucoup apprécié le deuxième roman, Einstein, le sexe et moi, éd. AlmaJe lirai d'ailleurs le premier de cet auteur mais ma pile à lire est tellement grande, presque aussi grande que la Tour Eiffel, enfin, j'ai écrit presque, le lecteur attentif l'aura remarqué. Mais trêve d'aparté. C'est donc en découvrant Olivier Liron que, par l'entremise des réseaux sociaux (parfois ils font leur bon boulot, ceux-là), j'ai commencé à m'intéresser à Vincent Lahouze, de loin, impressionnée d'abord par le nombre de ses abonné.e.s, très vite conquise par sa sensibilité et surtout sa sincérité, sentiment qui, comme chacun sait, évite la putassière sensiblerie.

Et puis j'ai sorti de mes tiroirs une nouvelle écrite il y a plus de treize ans et c'est parce que j'en ai fait la promotion sur les réseaux sociaux que Vincent Lahouze m'a, à son tour découverte (je vous rassure, j'ai gardé mes fringues. C'est un gentleman, ce gars-là.) et, Ô bonheur, a apprécié l'histoire imaginaire de ce vieil harki. Tellement peu habituée à être lue par mes confrères (l'inverse n'étant pas vrai puisque je lis et achète  quasiment tous les livres de ceux que je rencontre et même ceux de ceux que je ne rencontrerai jamais), j'ai été très émue. Encore davantage en constatant qu'il l'avait promu auprès de ses 60 000 abonné.e.s. Ça, c'est sûr, ça ne m'était jamais arrivé une promotion aussi spontanée que sincère. 

Heureuse et reconnaissante pour ce Monsieur Halimi que j'ai à cœur de défendre, je me suis empressée d'acheter (en numérique, j'avoue, c'est plus rapide à acquérir, mais pas sur Amazon, jamais sur Amazon, cet esclavagiste ravageur de nos temps modernes) Quartier Libre. Eh oui, tu vois, j'y viens à ce roman ! 

Je n'ai pas été déçue. Loin de là.

À travers l'histoire d'Olivier (non pas Liron, un autre Olivier mais peut-être que Vincent Lahouze s'est inspiré du prénom de son ami ? La question est posée), de la dynamique et joyeuse Ismahane, de Yassine, Pierrick, Boris, Sophie, Marwann et Walid, de Brahim qui ressemble tant à Monsieur Halimi, dans le fond, j'ai vécu une histoire dure, réaliste, noire, sincère servie par des personnages forts et très attachants. Cette fiction racontée avec brio par une plume efficace et juste n'est que le reflet de la noirceur de nos quartiers abandonnés, de la violence que vivent nos enfants, nos adolescents, cette jeunesse meurtrie à l'aune de tous ces mots en "isme", racisme, capitalisme, fascisme, nourrie, que dis-je pourrie sur l'autel de l'intolérance de tous bords, de la pauvreté, de la désespérance d'un avenir aux lendemains qui pleurent. 

Alors, d'aucuns penseront que lire un roman aussi noir en saison 2 de confinement et d'attentats isolés et incontrôlables de la part de fous non pas de Dieu mais de fous tout court, est au-dessus de leur force. Pourtant, si les scènes sont dures, si on pleure pour ces gamins qui pourraient être les nôtres, si on s'insurge sur le monde égoïste, dégueulasse et tellement inhumain dans lesquels ces personnages et nous-mêmes vivons, une chose est certaine. Quels que soient nos malheurs, quel que soit cet enfermement dans lequel ce putain de virus nous contraint, nos petites vies sont bien moins bousculées que celles de ceux-là qui, avec ou sans crise sanitaire, survivent, hurlent, meurent à deux pas de chez nous, dans l'indifférence générale. 

C'est parce que le lecteur n'en ressort pas indemme qu'il faut lire ce roman. Mais aussi parce qu'il est très bien ficelé. Addictif, même.

À lire donc. Et toutes affaires cessantes. D'ailleurs, les affaires cessent.

 

Élodie Torrente