Les loyautés de Delphine de Vigan

Ce que j'en ai pensé :

 J'étais très impatiente de lire le dernier Vigan. J'aime particulièrement la profondeur de cet auteur. Depuis Rien ne s'oppose à la nuit, je guette chacune de ses sorties. Et c'est tout naturellement que je me suis procurée, avec un certain enchantement, le dernier en date Les loyautés. 

Le titre m'a plu d'emblée. Certains disaient, mais je me méfie des bruits de couloir, surtout quand ils viennent de la Toile d'araignée qui nous enferme tous, qu'il était moins bon que les autres pour ne pas dire raté. Raté ? Un Vigan ? Je n'y croyais pas une seconde. Bien m'en a pris. 

Effrayant, c'est ce que l'on aurait pu et dû écrire sur ce roman, car oui, cet adolescent qui se noie entre un père en dérive et une mère en colère, ces intuitions d'un professeur noyé par une enfance meurtrie qui refait surface, cette vie en retrait d'une femme qui découvre un monstre en lieu et place de son mari, ces loyautés tues mais qui resurgissent à tout moment, au hasard des rencontres, des heures et des sentiments sont anxiogènes et nous remuent. Pris dans la vague, avec le seul sable mouvant pour nous raccrocher, difficile d'avancer sans prendre la tasse.  

Et si on parvient à sortir la tête de l'eau, personne n'en sortira indemne. Longtemps les voix qui se juxtaposent tout au long du roman résonneront en nous, en moi. Moi pour qui la loyauté est une valeur essentielle, moi qui n'a pas encore réussi à faire taire les monstres du passé, moi qui cours encore après des mots qui ne viendront jamais, j'ai été effrayée, subjuguée, emportée par ce roman qui, en 205 pages, laisse un goût amer à nos propres certitudes. 

Avec une conviction. Je lirai le prochain. L'addiction n'est pas prête de s'arrêter.

À lire. Même pour dire que l'on n'y arrive pas. Parce que les bons romans, ça laisse des traces et creuse des sillons. 

Elodie Torrente