Le début d'une aventure littéraire
Je ne sais plus à quelle date exactement, j'ai écrit ma première nouvelle. C'était en 2006, l'hiver, je pense, il faisait froid. Ce devait être un dimanche. Sous le ciel gris, lourd d'ennui, la maison était calme. Je venais de refermer Impuretés de Philippe Djian et le recueil de nouvelles d'Anna Gavalda, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part.
Ces deux livres, ces deux auteurs n'ont rien en commun. L'univers de Djian est underground, rock'n'roll, brut quand celui de Gavalda vous emporte dans une sorte de monde rassurant. Pourtant, ils ont partagé une lectrice (j'espère beaucoup d'autres), moi.
Chacun dans son style m'a donné envie d'écrire ou plutôt m'a permis d'écrire. Prétentieuse ? Peut-être. Toujours est-il que la fluidité de leur écriture rendait la lecture si simple, si évidente (depuis je sais à quel point il faut travailler pour parvenir à ce résultat !) qu' enthousiaste et disons-le un tantinet candide, je me suis dit : Ah mais ça, je sais faire ! Je vais tenter. Non pas de les plagier, j'ai trop d'égo pour jouer les moines copistes.
Je me suis donc installée derrière mon ordinateur, dans l'angle du salon, la fenêtre à gauche, le mur blanc au crépis d'intérieur à droite. Ma fille aînée devrait être en week-end chez son père et ma cadette, alors âgée de cinq ans, à la sieste tandis que son père jouait derrière son propre écran d'ordinateur à l'étage, dans notre chambre conjugale.
Nous habitions alors une maison mitoyenne de trois niveaux, assez laide à l'extérieur, mais qui offrait un espace et un jardinet comme nous en avions tant rêvé du temps de notre vie à Charenton-le-Pont dans un cinquante mètres carrés. Nous avions emménagé un an plus tôt dans cette location de banlieue lointaine, au fin fond du Val-de-Marne, plus proche de la Seine-et-Marne que de Paris et qui répondait au nom prometteur de la Queue-en-Brie. Tout un programme. Qui ne fut pas respecté. Mais c'est un autre sujet.
Quoi qu'il en soit, ce dimanche là, j'ouvris une page de mon traitement de texte et, une idée en tête, un sentiment plutôt, j'écrivis la première ligne d'une nouvelle. Je n'avais lu que très peu de nouvelles. Depuis l'âge de sept ans, beaucoup beaucoup de romans. Je ne savais donc pas trop comment m'y prendre, les codes qui régissaient le genre mais animée par cette émotion de parler d'elle, cette envie de me mettre dans sa peau, je rédigeai sans m'arrêter l'histoire de cette femme qui, au journal de 20 heures avait retenu mon attention. Poussée par un élan imprévu et tout à fait obsédant, je ne laissai mon clavier qu'au moment de passer à table pour reprendre après la vaisselle. Je passai la soirée à la relire, revoir les phrases, l'orthographe, me poser des questions sur la concordance des temps, le rythme, la véracité de mon propos, puis, plus ou moins satisfaite, étourdie d'avoir pu écrire sans m'arrêter, j'allais me coucher. Heureuse. Cette nouvelle ne devait rien valoir, il faudrait la retravailler. je l'avais pourtant écrite. Pour qui, pour quoi, peu m'importait.
Dans les jours qui suivirent, après maintes relectures, je décidai de la diffuser sur mon blog MSN de l'époque. Des lecteurs s'y sont intéressé me laissant des commentaires étonnants. Certains saluaient l'écriture. La plupart me demandait comment j'allais depuis cette intervention allant jusqu'à m'écrire : "Tenez-bon, la vie continue !" Le constat me sautait aux yeux : tous ou presque avaient confondu la jeune autrice que j'étais avec mon personnage.
Je sus, dès lors, que j'avais réussi ce que j'avais visé. Provoquer un intérêt et de l'empathie pour cette femme dont le 20 heures n'avait que très peu parlé. Je rassurai ce premier public. Si ce personnage existait, je n'avais écrit qu'une fiction à partir d'une réalité qui m'avait émue.
Voilà comment j'ai démarré dans ce métier.
Avec Face à moi que vous pouvez lire ici.
À bientôt !